
FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM
LESBIEN ET FÉMINISTE DE PARIS
Quand les lesbiennes se font du cinéma
Et immédiatement surgit une autre question : Cineffable a 22 ans, le féminisme 40, mais quel âge ont le machisme et les violences faites aux femmes ? Ne cherchez pas la réponse, elle vous attend dans les 2 longs métrages, 33 courts et 4 documentaires qu'on vous a sélectionnés et elle est toujours la même : de siècles en continents, il ne fait pas bon être femme, féministe et lesbienne. L'herbe n'est pas plus verte ailleurs et, si beaucoup de réalisatrices ont décidé, à l'instar de Cineffable, de se tourner vers le passé, ce n'est pas hélas ! pour nous montrer combien les choses ont favorablement évolué, mais plutôt comment le retour des intégrismes, du racisme et de l'exclusion font de nos aînées des mamies pas si différentes de nous. Bien sûr, tout n'est pas si accablant. On vous invitera à danser avec Edie et Thea, à vous émouvoir devant le film romantique Elena Undone, et à sourire avec les Topp Twins mais, mais… Sin by Silence vient nous rappeler que le patriarcat machiste et hétéronormé continue ses ravages et que, contre cela, plus que jamais, nous nous devons de raviver les consciences, d'éveiller les jeunes âmes et de rester unies et vigilantes, ou devrions-nous dire... féministes ?
Bon festival !
Cette année, avec un festival très court(s), nous vous proposons pas moins de 33 courts-métrages issus de 15 pays des quatre continents, répartis dans quatre séances.
![]() Mais aussi deux longs métrages de fiction, Viola di mare, en avant-première 2011 (lundi, 20h), un magnifique film italien basé sur une histoire vraie qui s'est déroulée en Sicile au début du XIXe siècle. Pour pouvoir vivre son histoire d'amour avec Sara, Angela est obligée de changer d'identité et de devenir, aux yeux de tous, Angelo… Elena Undone (mardi, 20h), le nouveau film de Nicole Conn, la réalisatrice de Claire of the Moon, est le film romantique de la sélection. L'amitié qui lie Peyton, une jeune femme lesbienne assumée, et Elena, la femme d'un pasteur anti gay qui n'a jamais expérimenté le grand amour, se transforme peu à peu en une dévorante passion. ![]() Et quatre documentaires, Edie and Thea: A Very Long Engagement (lundi, 16h) : les réalisatrices de The Brandon Teena Story nous reviennent avec ce documentaire drôle et touchant sur une grande histoire d'amour. Celle d'Edie et Thea qui se sont rencontrées à 19 ans lors d'une soirée dansante et qui, passé les 80 ans, continuent à danser ensemble. Topp Twins Untouchable Girls (lundi, 22h) : les Topp Twins sont des sœurs jumelles lesbiennes féministes, chanteuses de country et humoristes reconnues, adorées dans tout le pays. À travers leur parcours, 30 ans d'histoire de la Nouvelle-Zélande féministe... en chansons. Ce documentaire a fait un carton lors de sa sortie en salle dans le pays. verliebt, verzopft, verwegen (mardi,10h) : dans ce documentaire qui a gagné de nombreux prix, une jeune lesbienne s'interroge sur l'histoire des lesbiennes dans les années 50-60 à Vienne, sa ville natale. Après bien des recherches, elle finit par trouver trois femmes qui acceptent de témoigner face à la caméra. Sin by Silence (mardi, 14h) : un documentaire émouvant sur les violences domestiques. La réalisatrice filme le combat extraordinaire de femmes emprisonnées à vie pour avoir tué leurs maris violents, qui se battent pour aider d'autres femmes à rompre ce cycle de violence. Sous réserve : présence de la réalisatrice et de l'une des intervenantes du documentaire. |
40 ANS DE MOUVEMENT DE LIBÉRATION DES FEMMES | |||||
L'année 2010 a été ponctuée et marquée par plusieurs événements autour de ces 40 ans de Mouvement de libération des femmes (MLF)…
L'édition 2010 de Cineffable sera, elle aussi, traversée par ces 40 ans de luttes et d'idées, d'actions et de rêves, de construction et d'invention, avec un regard sur la place des lesbiennes dans ce mouvement. Rencontres, hommages et échanges, vidéos des années 70 à aujourd'hui en libre accès, expo, séance consacrée à Carole Roussopoulos... et cette séance spéciale sont notamment au programme. Une séance pour vous donner envie d'explorer encore ces 40 ans de combats et de les poursuivre. En à peine deux heures, nous ne pouvons pas vous donner à voir toute la richesse de ce Mouvement de libération des femmes, fort de tant de mouvements et d'actions, d'utopies et d'avancées concrètes, mais quelques images comme des bouffées de mémoire pour prendre de nouvelles forces… Des débuts, avec la première manifestation filmée par Carole Roussopoulos, au sens du féminisme aujourd'hui, avec les témoignages de la fête du 6 juin à la Flèche d'Or… Nous avons, par ailleurs, souhaité donner une place à une lesbienne radicale, essentielle à notre histoire de lesbiennes dans ce mouvement : Michèle Causse. |
|
||||
|
|||||
40 ans de MLF : l'apport des lesbiennes au féminisme, autour de l'exposition des affiches extraites de l'ouvrage Mouvements de presse, années 1970 à
nos jours - luttes féministes et lesbiennes de Michèle Larrouy et Martine Laroche. Avec Michèle Larrouy, Martine Laroche (sous réserve) et Suzette Robichon, rencontre et visite guidée Cineffable.
|
|
CAROLE ROUSSOPOULOS | ||||
![]() |
|
|||
« La télé ne nous représentera jamais,
c'est avec la vidéo que nous nous raconterons. »
Pionnière de la vidéo, Carole Roussopoulos a réalisé près d'une centaine de films documentaires de 1969 à 2009. Une caméra militante au poing et un micro porté vers les sans-voix, elle accompagne et éclaire les mouvements contestataires des années 70, luttes anti-impérialistes, ouvrières, homosexuelles et surtout féministes, avec intelligence, enthousiasme et humour. Elle filme seule ou en collectif. En 1982, elle fonde avec Delphine Seyrig et Ioana Wieder le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, centre de production et d'archives audiovisuelles consacré aux femmes. Elle y réalise de nombreux documentaires sur l'histoire des femmes. En 1984, au sein de sa société Video Out, elle continue son combat et donne la parole à ceux que l'on entend peu : démunis, détenus, toxicomanes. Après son retour en Suisse en 1995, elle s'attaque à d'autres fronts peu documentés, non commerciaux : les personnes âgées, les soins palliatifs, les dons d'organes, l'excision, les mariages forcés... Pour cette séance spéciale "Hommage à Carole Roussopoulos", Cineffable présente trois films datant de périodes différentes, précédés par une "Leçon de cinéma", interview privilégiée donnée en 2000 au Festival international de films de femmes de Créteil. Carole Roussopoulos revient sur son parcours professionnel en une dizaine de minutes savoureuses. |
||||
|
MICHÈLE CAUSSE | ||||
![]() |
|
|||
« Morte à plusieurs reprises, je ne suis pas sûre d'être née. Ce pourquoi toute notice biographique me semble une imposture. Irréelle, voire empruntée à une autre. Ce que je n'ai pas fait m'importe infiniment plus que ce que j'ai fait. Ainsi de ce qui ne m'est pas arrivé. J'ai néanmoins une histoire, laquelle ressemble à une carte de géographie (France, Tunisie, Italie, Etats-Unis, Antilles, Canada), autant de topoï, espaces vibratoires d'intensités variables, qui renvoient des images de mon existence migratoire. Mais à quoi bon en parler ? Qu'on me lise plutôt. Pour démentir mon épitaphe « Ni lue ni approuvée » »
Née, comme son nom l'y prédestinait, sur les Causses du Lot le 29 juillet 1936 à Martel, elle a choisi d'aller dé/naître le 29 juillet 2010, auprès de l'association Dignitas à Zurich. Michèle Causse a obtenu un diplôme de traductrice à l'Université de Paris, (Sorbonne), a enseigné brièvement en Tunisie, vécu dix ans à Rome où elle a étudié le chinois et écrit un essai sur la condition des caméristes-concubines-courtisanes dans les romans Ming (inédit). Rentrée en France, elle a écrit L'encontre dont Monique Wittig fut la première lectrice. A vécu pendant huit ans en Martinique et écrit, pour le compte du ministère des droits des femmes une étude sur la stratification ethno-sociale des femmes en Martinique, puis dans la même île, Lettres à Omphale et ( ). A ensuite brièvement vécu à New York où elle a rencontré Djuna Barnes, Jill Johnston, Catherine Stimpson, Joan Nestlé, Kate Millett. Michèle Causse a été professeure invitée à Rome (chaire d'éducation des adultes), consultante à l'Unesco (département d'alphabétisation, où elle a utilisé la méthodologie créée par Alice Ceresa "l'Unité de bibliothèque"), professeure invitée à Montréal à l'Université Concordia. Elle a traduit de l'anglais et de l'italien une trentaine de livres (Melville, Gertrude Stein, Djuna Barnes, Mary Daly, Silone, Pavese, Natalia Ginzburg, Alice Ceresa, Luigi Malerba, etc.). Toute son œuvre poursuit une seule visée : « Faire advenir la langue qui point n'est née », dans une recherche ne dissociant pas le travail d'écriture de sa théorisation. Michèle Causse laisse 3 œuvres inédites à paraître : deux fictions "Défigures du soi" et "Les belettes et les boas" et un texte théorique écrit avec Katy Barasc, philosophe : "Requiem pour ils et elles : les Sapiens ou la fin d'une imposture", une réflexion sur les conditions de possibilité d'une nouvelle figure sapientale faisant justice des défaillantes catégories de description/prescription assignées à tout sujet vivant. |
||||
|
Lundi 1er novembre de 14h à 15h30
Manon LOISVAINE pour son roman À l'épreuve de ma vie (Éditions gaies et lesbiennes)
Lundi 1er novembre de 15h30 à 17h
Delphine PISCIOTTA pour La souffrance d'aimer (poésie)
Lundi 1er novembre de 17h à 18h30
Cae pour son CD Daughters of the Dust
Lundi 1er novembre de 18h30 à 20h
Natacha CHETCUTI pour son essai Se dire lesbienne. Mode de vie en couple, sexualité et représentation de soi (Éditions "Payot")