Le
livre de Camille, de Marion Page
Lundi
10 novembre 2003 - 15e festival
Quand les lesbiennes se font du cinéma
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Présentation du roman de Marion Page Le livre de Camille, roman du désir d'écrire, Paris, Editions Geneviève Pastre, 2002, en présence de Marion Page. |
Marion Page :
Je suis une militante bien connue du milieu lesbien et aussi
militante de la littérature lesbienne. Depuis que j’ai
découvert le lesbianisme, je m’attache à faire
partager mon amour de la littérature lesbienne. En ce moment,
j’anime des ateliers à l’école lesbienne
de Toulouse sur les œuvres de Monique Wittig et de Nicole Brossard.
J’ai écrit mon premier livre l’année dernière.
Il y en aura plusieurs, mais c’est le premier. C’est un
roman sur le désir d’écrire. Depuis que je suis
adolescente, je sais que je dois écrire des livres, je l’avais
écrit plusieurs fois dans mon journal. Mais c’est seulement
maintenant que sort mon premier livre. Que s’est-il passé
pendant toutes ces années ? C’est ce que j’ai essayé
de raconter dans le livre.
Lecture à deux voix par Marion Page et Eliane.
Eliane anime des ateliers d’écriture et d’autres
de lecture. Elle fait des lectures en public et accompagne Marion
Page et son livre.
Marion Page :
Merci donc à vous d’être venues. Nous allons
pouvoir échanger, parler du désir d’écrire,
de l’écriture, du livre, d’être une femme
qui écrit, d’être une lesbienne qui écrit.
1ère intervention :
J’ai cru comprendre que vous avez eu du mal à
entrer dans l’écriture parce que vous n’aviez pas
de sujet qui vous semblait assez porteur assez longtemps pour faire
tout un livre. Ce problème est-il débloqué ?
Qu’allez-vous écrire maintenant ?
Marion Page :
Ce livre est l’histoire d’un désir. Le
désir chez les femmes n’est pas simple, vu leurs conditions
d’opprimées, ce qu’elles vivent, ce qui les bloque.
On ne peut pas donner une seule cause. Je savais que je devais écrire.
J’ai essayé tout au long de ma vie. J’ai plusieurs
fois commencé à écrire quelques pages. Et puis
il n’y avait pas de suite. Ce n’était pas les sujets
qui manquaient. J’avais envie d’écrire sur tout.
Puis j’ai réfléchi longtemps, et j’ai fini
par changer de vie. Je me suis donné les moyens d’aller
au bout de mon désir et cela a été une lutte
pendant des années. Et enfin j’ai réussi. J’ai
entrepris toute une série de romans du désir. Celui-là
n’est que le premier. C’est l’appropriation du moyen,
c'est-à-dire de l’écriture. Après, j’espère
pouvoir écrire le roman du désir politique, le roman
du désir d’aimer, le roman du désir gourmand aussi.
2ème intervention :
J’ai la chance d’avoir lu le livre. Je l’ai
trouvé superbe. En entendant votre lecture, cela m’a
donné énormément envie de le relire. C’est
vraiment une douceur, une sensation de sentiments, de choses qui sont
superbes.
Marion Page :
Nous avons beaucoup de plaisir, Eliane et moi, à faire
ce genre de petits spectacles pour des amies et c’est un plaisir
apparemment partagé puisque cela vous a plu.
3ème intervention :
J’ai lu le livre quand il est sorti. J’avais pris
une souscription parce que depuis quelques années je t’apprécie
beaucoup. Ce projet que tu portais en toi depuis très longtemps
me touchait et je trouvais que c’était une bonne chose
que tu puisses le réaliser.
C’est un livre qui m’a beaucoup émue et la lecture
que vous en avez faite me rappelle plein de bons souvenirs. Je suis
un peu comme toi, quand je prends un livre et que je le termine, s’il
m’a parlé, je suis déçue d’arriver
à la fin. Mais celui-là, je vais le redécouvrir
à nouveau.
Et puis je suis une marcheuse, une randonneuse. Ce sont des plaisirs
que nous avons partagés ensemble. J’aime aussi beaucoup
la nature. Il y a beaucoup de choses à ce niveau-là
qui me parlent et qui m’ont touchée.
Il y a aussi ce cheminement vers les femmes, parce que ce n’est
pas forcément quelque chose de simple non plus. Là aussi,
c’est quelque chose qui m’est arrivé assez tard
dans ma vie. Et là aussi, il y a plein de choses qui m’ont
parlé, qui m’ont aidée et qui m’ont soutenue.
Je voulais te remercier.
Marion Page :
Tout ce que tu me dis me fait bien plaisir. D’autant
plus que tu as déjà assisté aux séances
de lectures à deux voix. Mais celle-ci n’était
pas tout à fait la même.
Eliane :
C’est la troisième fois que nous faisons cette
lecture ensemble. Il y a des fils conducteurs, des fils directeurs,
des fils rouges, bien sûr. Mais quand nous avons retravaillé
pour les lectures d’aujourd’hui, j’ai dit à
Marion que je m’étais amusée. J’ai pris
les pages qu’on avait lues à notre première lecture,
celles qu’on avait lues à la deuxième lecture,
et j’ai regardé celles qui étaient communes. Nous
avons repris intégralement les pages qui étaient communes,
mais nous les avons réorganisées en fonction d’un
autre fil qui était un peu thématique. Vous avez vu
que j’ai tourné les pages et que je n’ai pas fait
une lecture linéaire. J’ai commencé par la post-face,
même pas par la fin du roman, mais par la post-face. Il y avait
des textes prégnants qu’on avait mis dans les deux lectures.
Du coup, on a remis ces morceaux choisis, mais on les a réorganisés
d’une certaine manière pour qu’il y ait des liens,
des passerelles.
Marion Page :
Sur ce socle qui nous plaisait bien, on a rajouté des
thèmes qui n’avaient pas été abordés
lors des deux premières lectures, notamment les rapports avec
les figures du père et de la mère.
Eliane :
C’était mon idée et je l’ai soumise
à Marion. Je lui ai dit que cela me semblait intéressant
de voir cette relation père/mère qui transparaissait
un peu. Du coup, on a remis des textes. J’ai l’impression
de réécrire un nouveau roman à chaque fois, parce
que le fait de faire des choix reconstruit un livre. C’est un
montage de fils et nous avons fait trois montages. C’est très
drôle en fait. C’est un montage et une re-création
avec l’auteure.
Marion Page :
Pour moi, c’était une grande première,
j’ai l’habitude de lire des extraits de textes en public
de mes écritures ou d’autres, mais je n’avais jamais
travaillé à deux. C’est une découverte
et cela m’a procuré beaucoup de plaisir.
4ème intervention :
L’idée d’écho, quand vous lisez
à deux, c’est quelque chose que vous avez recherché
à faire ?
Eliane :
Oui, mais nous ne l’avons pas réellement travaillé.
Il y a deux textes qu’on n’avait jamais lus ensemble.
Mais nous nous entendons bien. La première fois, on a fait
cette lecture en écho et ça roulait bien. Là,
on a lu un seul texte en écho qu’on avait répété
une fois. Les autres, ce sont des lectures où l’on s’écoute.
Même si on travaille et si on sait à quel endroit on
doit lire, il faut rester dans cette écoute de l’autre.
Marion Page :
On est dans le partage, et comme je sens que mon livre est
entre de bonnes mains, le partage se fait avec plaisir et facilement.
Eliane :
Ce qui est important, c’est de partager ce moment, ces
mots, ces mots lus, qui sont des mots dits. Les mots dits sont parfois
positifs.
5ème intervention :
Vous avez écrit votre livre avec certaines intentions.
Avez-vous été surprise des réactions ? Quand
vous travaillez avec votre lectrice, sentez-vous un décalage
ou êtes-vous en phase ?
Marion Page :
Avec Eliane, il n’y a pas de décalage. Il y a
des détails sur lesquels on n’est pas d’accord
mais ce n’est rien d’essentiel au livre.
En revanche, j’adore les retours. Pour moi, c’est un trésor
quand on me fait l’amitié de m’envoyer trois lignes
ou trois pages après la lecture. Evidemment, les ressentis
sont différents suivant que c’est lu par une militante
proche ou une lesbienne que je ne connais pas. Des femmes hétéros
l’ont lu, et un homme aussi. Tous ces retours étaient
différents. Dans l’ensemble, ils étaient positifs
; il y a aussi eu des critiques négatives. C’est un premier
livre avec quelques maladresses, bien entendu. Mais tout le monde
m’a encouragée à continuer.
6ème intervention :
As-tu ressenti que ce qui était important pour toi
était aussi important chez les autres ? Quels étaient
les thèmes mineurs qui ont été importants pour
tes lectrices ?
Marion Page :
Il y a un thème qui m’était cher. C’était
un peu ambigu mais je voulais absolument mettre, par exemple, la critique
de livres récents, de Dorothy Allison ou de Christine Angot.
On m’a aussi fait la critique qu’il y avait trois livres
dans ce livre. Mais c’est ma façon de voir. Je ne suis
pas portée vers le détail et l’analyse, mais plutôt
vers la vision globale et la synthèse. C’est ma façon
d’écrire. La vie ne peut jamais être à la
fois qu’une seule perspective. Je ne peux pas écrire
autrement. Cela m’a surprise. Je ne m’y attendais pas.
Cela m’a donné à réfléchir.
7ème intervention :
Ton éditrice t’avait-elle dit d’élaguer
ton manuscrit ?
Marion Page :
Non, c’est le contraire. J’avais fait un premier
jet de trois cents pages. Je me suis dit que j’allais relire,
élaguer, enlever les redondances. Par exemple, j’avais
mis des extraits de mon journal d’adolescente. J’ai allégé
et j’ai porté le manuscrit à Geneviève
Pastre. J’ai eu le malheur de lui dire que j’avais enlevé
au moins cent pages. Elle voulait que je revienne au premier jet.
Pour elle, c’était ça l’important, mais
pour moi, l’authenticité, ce n’est pas tout. Elle
a accepté du bout des lèvres ma deuxième version.
Et maintenant tout va bien.
Une autre surprise a été que des copines dont la langue
maternelle n’est pas le français s’attaquent à
la lecture de mon livre. J’ai trouvé cela courageux,
parce que lire dans une autre langue que sa langue maternelle, surtout
une langue poétique comme celle-ci, ce n’est pas facile.
8ème intervention :
Dans les échanges que tu as eus, des femmes sont-elles
venues te dire qu’elles aussi avaient envie d’écrire
et qu’elles n’osaient pas ou avaient du mal ? As-tu suscité
des vocations ?
Marion Page :
Plusieurs m’ont dit qu’elles avaient commencé
d’écrire, qu’elles écrivaient leur journal,
qu’elles en avaient envie. Mais cela n’avait pas été
plus loin. Il y avait une espèce de pudeur qui faisait qu’elles
avaient plus envie de parler de ce que j’avais écrit
moi. Il y a de la douleur dans cette aventure de l’écriture.
Il n’y a pas seulement des moments de grâce, il y a aussi
des moments épouvantables. Je pense qu’elles avaient
envie de se projeter, de parler avec mes mots de ce qu’elles
ressentaient. Mais je sais que beaucoup de femmes aimeraient écrire,
ont commencé d’écrire, se demandent pourquoi elles
n’arrivent pas au bout. C’est ça le roman du désir.
C’est vraiment nos désirs à nous.
C’est une grande interrogation pour moi. Le désir a à
voir avec l’érotisme au sens philosophique du terme ;
et l’érotisme est une force qui nous aide à vivre,
qui nous donne tant de jouissance, tant de plaisir ! Je ne parle pas
de l’érotisme uniquement amoureux. C’est cette
énergie qui nous pousse à aller au bout de nos désirs.
L’érotisme de ce point de vue, pour les femmes, est souvent
gravement endommagé. Chez moi, il était très
endommagé ; par l’oppression, par l’aliénation,
par l’enfance que j’ai eue -pas uniquement négative
mais loin d’être positive à certains points de
vue-. Il y a eu tout un travail de reconstruction que j’ai dû
faire pour arriver enfin au bout de mon désir. J’ai fait
par exemple treize ans de thérapie. Il faut avoir envie d’y
arriver. J’ai cherché, je me suis obstinée, j’en
ai pris parfois « plein la gueule », je n’y arrivais
pas, j’étais désespérée. Et l’amour
des femmes m’a aidée énormément. C’est
évident que je n’ai pu commencer à écrire
ce livre que parce que j’étais dans la sécurité
amoureuse et affective avec mon amie. Je m’étais en plus
donné les moyens d’avoir un lieu, un espace à
moi, tranquille, où personne n’interférait, «
l’Ile verte » dans le livre. J’avais ma «
chambre à soi ». Il me fallait une certaine sécurité
affective. Je l’ai eue et à partir de là, ça
s’est déclenché. Mais cela n’a pas réglé
tous les problèmes non plus ! Il y a encore eu des moments
difficiles. Mais maintenant, c’est parti ! C’est un combat,
c’est évident. Aller au bout de son désir, c’est
un combat.
9ème intervention :
Avant la publication de ton livre, l’avais-tu partagé
avec des amies ? L’avais-tu fait lire ? Avais-tu eu des retours
? Avais-tu un soutien quand même ?
Marion Page :
Ah oui ! J’en parle dans le livre.
J’avais écrit les trente premières pages plus
d’une dizaine d’années auparavant mais je n’arrivais
pas à aller plus loin. Ces trente premières pages étaient
écrites avant que je mette un nom sur mon lesbianisme et que
je rentre dans le mouvement lesbien. J’avais déjà
auto-édité de la poésie et, n’arrivant
pas à aller au bout de ces trente pages, je les avais auto-éditées
comme une nouvelle. Je suis arrivée dans le milieu lesbien
avec cette nouvelle que je serrais sur mon cœur. Quand je rencontrais
un écho, je les donnais à lire. Cela me servait de carte
de visite, mais j’étais encore incapable de supporter
un retour positif.
Je raconte dans le livre que j’avais donné à lire
cette nouvelle à la directrice d’une revue lesbienne
qui aimait beaucoup la littérature, les livres, et qui faisait
des comptes-rendus littéraires de qualité. C’était
devenue une proche, dans les combats, dans la convivialité
etc. Un jour, elle m’a proposé de passer la voir pour
parler de ma nouvelle. Je me suis demandée si j’avais
bien fait de la lui donner, à elle qui avait l’habitude
de lire plein de choses super… J’y suis allée.
C’est une scène que je n’oublierai jamais. Elle
s’est assise, a pris la nouvelle et a sorti les notes qu’elle
avait prises. Elle a entrepris de commencer à me faire une
bonne et sérieuse critique comme aurait pu faire un éditeur
ou un prof de lettres. Je n’ai pas supporté. Je lui ai
dit que ça ne valait pas la peine, que ce n’était
pas pour ça que je lui avais donné cette nouvelle. Et
on est parties sur autre chose. Je n’ai pas pu supporter qu’elle
m’en parle, qu’elle m’en parle positivement et peut-être
qu’elle puisse m’en parler aussi négativement.
Or elle m’a dit plus tard qu’elle avait des tas de compliments
à me faire. Puis on s’est perdues de vue. Mais ma culpabilité
ensuite ! Je me disais que j’avais été vraiment
bête de passer à côté de l’avis d’une
personne aussi intéressante au niveau de la littérature.
Je m’étais dit que si jamais mon livre sortait, je le
lui enverrais et le lui offrirais en entier, avec cette histoire-là
racontée dedans. Je l’ai fait, bien sûr.
D’autres anecdotes :
D’abord la femme qui partage ma vie. Si elle était ici,
elle vous dirait qu’elle en avait ras-le-bol. Il y a eu pas
loin de cinquante tapuscrits, on ne savait plus où les mettre.
Et comme c’était elle qui faisait les photocopies, elle
a passé des sales moments ! Elle lisait entre les lignes, mais
elle était surtout dans la pratique, les photocopies et l’ordinateur,
pour me donner un coup de main. Quand le livre a été
fini, ça a été un moment très émouvant
dont je me rappellerai toujours. Je lui ai donné à lire
avec une petite dédicace et je lui ai dit que maintenant, elle
pouvait le lire pour le plaisir, sans se préoccuper du reste
et que si elle ne rentrait pas dedans, ce n’était pas
grave. Le soir, quand elle a eu fini le livre, elle m’a parlé.
On était au lit et je lui ai demandé si elle avait réussi
à rentrer dedans, si elle avait avancé, si elle avait
pu le finir. Elle m’a dit « Je l’ai fini, bien sûr
». Et puis, il y a eu les larmes. C’était un moment
d’émotion intense. Quand on vit ça dans une relation
amoureuse, c’est vraiment fort.
Avant de l’envoyer à Geneviève Pastre, j’ai
surtout embêté deux copines. Je leur ai demandé
de me dire ce qu’elles en pensaient. « Suis-je un véritable
écrivain ? » « Est-ce que ça vaut
le coup que je bataille pour éditer ? » Les pauvres
! Elles avaient bien d’autres choses à faire. L’une
était prof de lettres et l’autre, lectrice dans une maison
d’édition. Elles l’on lu et m’ont fait l’amitié
de me faire un compte-rendu, des critiques, de ce qu’elles aimaient,
de ce qu’elles aimaient moins. Je n’aurais pas dû
le leur donner. Je savais plus ou moins tout ce qu’elles ont
dit. C’était plus ou moins conscient, mais je le savais.
Et je n’ai pas changé un iota parce que mon choix était
déjà fait. La prochaine fois, je ne ferai pas comme
ça.
Qui d’autre l’a lu avant ? J’ai trois enfants :
une fille d’une quarantaine d’années, une autre
de 35 ans et un garçon de 32 ans. Je me suis hasardée
et j’ai commencé par les filles. Ma fille aînée
avait déjà lu la nouvelle. Je lui ai dit que c’était
la suite et je lui ai donné le tapuscrit. Elle m’a dit
qu’elle l’avait lu mais qu’elle avait tellement
de travail qu’elle ne pouvait pas m’en parler. Elle m’a
surtout dit de ne le donner ni à sa sœur ni à son
frère car ça ne leur plairait pas et ça les blesserait.
Mais elle n’avait pas le temps de m’expliquer…
C’est très difficile de parler avec ses
enfants de ce qu’on écrit. J’ai réfléchi
pourquoi. Je pense que des enfants, quand leur mère sort un
premier livre, s’attendent à ce qu’elle parle plus
ou moins d’eux, ou de la maternité, ou des choses comme
ça. Or il n’y a rien de cela là-dedans. C’est
dur à avaler pour des enfants que la maternité n’est
pas une chose prioritaire, que ce n’est pas une chose pour leur
mère qui vaut le coup d’écrire un livre. Il y
a juste un paragraphe où je parle de la naissance de ma fille.
Mais je n’avais pas les mots, c’est ça aussi. J’ai
essayé, mais je n’ai pas pu continuer parce que je ne
trouvais pas les mots pour dire ce que j’ai ressenti à
la naissance de ma première fille.
Je vais aborder la question de la maternité dans le roman du
désir politique. J’ai toujours été dans
le politique, bien avant d’être lesbienne. J’ai
été conseillère municipale dans une municipalité
par exemple. Le politique est quelque chose de très important
pour moi. Quand j’ai découvert le milieu lesbien, je
suis allée voir de suite les lesbiennes politiques. C’est
évident que dans ce roman du désir politique où
je vais faire le point sur ma pensée, sur ce que j’ai
vécu, sur mes utopies, je vais parler de la maternité.
On ne peut pas parler politique, quand on est une femme, sans parler
de la maternité sociale. En revanche, j’ai beaucoup de
mots pour parler de cette maternité sociale, de ce qu’elle
représente dans le système dans lequel on vit. Peut-être
que je reviendrai sur la maternité dans le roman du désir
d’aimer. Parce que la figure de la mère, dans l’amour
entre deux femmes, est là, peut-être pas là où
l’on croit, mais elle est là. Et puis peut-être
que j’en parlerai dans le roman du désir gourmand. Parce
que si ma mère n’a pas toujours été sympa
avec moi, elle m’encourageait pourtant à faire la cuisine,
elle m’aidait. Peut-être que je parlerai là de
mes rapports avec ma mère.
Nous allons arrêter maintenant ce très
bon moment que nous avons passé ensemble. Je vous remercie
encore une fois.
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