FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM
LESBIEN ET FÉMINISTE DE PARIS
Quand les lesbiennes se font du cinéma
Être visible : c'est se montrer aux autres mais aussi apprendre à se voir, avoir conscience de sa force, se rassembler pour pouvoir construire, se légitimer soi-même pour, simplement, ne pas quémander le droit d'exister. Les lesbiennes résistent à toute définition, elles sont ce qu'elles veulent bien montrer, à une, à deux, au lit ou ailleurs, à des milliers...
Le festival : c'est justement un de ces ailleurs, lieu éphémère, carrefour d'idées, détonateur. Nous improvisons ensemble, organisatrices et festivalières, une incroyable performance. Le festival c'est un théâtre, le grand théâtre des lesbiennes qui se mettent au centre du monde.
Notre but : organiser un festival de films de réalisatrices pour les lesbiennes, par les lesbiennes, qui offre un rendez-vous fixe tous les ans, un temps fort pour montrer des images de lesbiennes, des images féministes, susciter des débats et des rencontres et s'ouvrir à tous les arts.
Cinq jours par an seulement ouverts à toutes les femmes et/ou lesbiennes, et avec quel plaisir... et toute l'année des projections et événements culturels Hors les murs en partenariat avec des lieux ou des associations à Paris et dans les régions, pour montrer à toutes et tous les films que nous découvrons.
Une sélection de films de qualité, et très divers par leurs thèmes, styles et pays d'origine, des films qui ne sont bien souvent montrés nulle part ailleurs.
C'est au public lesbien de montrer sa force pour lutter contre les carences de la distribution.
L'équipe, entièrement bénévole, doit sa longévité à un passage de relais permanent et à la transmission des compétences. L'organisation est non hiérarchique. Les tâches sont divisées et prises en charge par des commissions qui se retrouvent tous les mois pour faire le point. Le festival est entièrement autofinancé. Joignez-vous à nous pour préparer le festival, ou pour y être bénévole ponctuelle.
Pour celles que ça intéresse, voici quelques statistiques élaborées à partir de la base de données.
N.B. : ces statistiques sont établies à partir des informations fournies par les festivalières qui le souhaitent, soit environ 50% des adhérentes au festival.
95% des festivalières sont françaises dont une participante venant de la Nouvelle-Calédonie.
Parmi les 5% venant de pays étrangers, 32% viennent de Suisse, 19% de Belgique et 13% d'Italie. Les autres pays représentés sont : l'Espagne, l'Allemagne, le Portugal, la Grèce, Israël, le Danemark, le Royaume-Uni, et outre-atlantique les États-Unis et le Canada.
Les françaises viennent à 66% de la région parisienne : 59% de Paris, 41% de la banlieue.
La ville la plus représentée après Paris est Montreuil.
Les départements d'Île-de-France les plus représentés hors Paris sont la Seine-Saint-Denis (93), les Hauts-de-Seine (92) et le Val-de-Marne (94).
A Paris, 2/3 des festivalières viennent des arrondissements périphériques (principalement du 20e et du 12e) et 1/3 des arrondissements centraux. Les 1er, 8e et 16e arrondissements ne sont pas représentés du tout.
En régions, ce sont Auvergne/Rhône-Alpes et PACA qui arrivent en tête alors que la Bourgogne/Franche-Comté ferme la marche.
Au vu de ces chiffres, il apparaît que si depuis la création du festival la fréquentation globale a fluctué de manière plus ou moins importante selon les années, en revanche la répartition géographique des festivalières reste toujours sensiblement la même.
Le festival est né en 1989 d'un ciné-club qui regroupait tous les mois une poignée de lesbiennes parisiennes, mécontentes de la petite place accordée aux films lesbiens pendant le Festival de films de femmes de Créteil. A Créteil, c'est bien connu, LE film lesbien gagne systématiquement le prix du public... mais les conclusions qu'on pourrait en tirer ont toujours eu l'air de gêner l'équipe organisatrice et les lesbiennes doivent y rester très discrètes. Le festival est fondé.
Les deux premières années, Quand les lesbiennes se font du cinéma a lieu au cinéma l'Entrepôt dans le 14e, avec tant de participantes déjà que la salle d'une centaine de places était prise d'assaut. En 1991, après le refus de l'Entrepôt de reconduire l'événement, il y eut une année de flottement, entre des salles de l'AGECA et le République cinéma.
En 1992, avec la découverte du centre culturel La Clef et un afflux d'énergies nouvelles, une ère d'expansion s'annonçait. En deux ans, ce lieu qui semblait immense à l'époque atteignait la saturation.
1992 : visibilité aux premières loges : 800 personnes sont déjà venues au moins une fois au festival de toute la France et de l'étranger. Nous cessons, nous l'équipe des organisatrices, de nous annoncer seulement par nos prénoms et ajoutons nos noms de famille... Ce souci de visibilité est entré dans nos esprits, il n'en ressortira plus. Qui dit visibilité dit communication. Nous décidons de rendre le festival ostensible, de l'annoncer comme événement lesbien, de dire notre fierté, de valoriser sa non-mixité, sa qualité, l'audience toujours plus nombreuse. Le virage est définitivement pris. Quelles que soient les appréhensions, les peurs des unes et des autres, le festival sera annoncé de radios libres en radios nationales, dans la presse lesbienne, la presse gaie et la presse nationale.
1993 : 1 200 festivalières sont venues au moins une fois nous voir depuis 1989. Le festival devient déjà trop grand pour La Clef. Certaines pensent qu'il faut bloquer sa croissance. En même temps, nous réalisons que cette décision ne nous appartient plus, la dynamique que nous avons enclenchée est irréversible. Le festival est un besoin, il est la propriété de notre public, à nous d'assurer un cadre toujours plus riche.
1994 à 2001 : au Centre culturel André Malraux au métro Kremlin-Bicêtre, nous passons à 2 000 festivalières par festival et 7 500 entrées dans les salles. Plus de 5 000 festivalières de toute la France et de l'étranger sont venues nous voir au moins une fois depuis 1989 car le public se renouvelle tous les ans d'un tiers.
L'équipe est passée d'une dizaine de personnes à une cinquantaine. Nous travaillons par commissions. Les initiatives diverses fleurissent : concours d'affiches, de scénario, concert d'ouverture, la vidéo avec la TGTL (« très grande télévision lesbienne »), les prix, les relais dans les régions,...
1995 : nous lançons notre système maison de sous-titrage. Comme dans un grand festival, tous les films étrangers sont sous-titrés, et ça ne nous coûte "rien" (hormis l'équivalent en heures de travail de six mois à temps plein pour une personne). Lesbia Magazine constitue un jury pour remettre un prix à un film, francophone si possible, qui contribue à la visibilité lesbienne. Cineffable se dote d'un serveur minitel.
1996 : Cineffable participe à la création de la Coordination lesbienne en France lors de la rencontre nationale des associations lesbiennes à Valence et co-organise, avec Lesbia Magazine, l'événement de la fierté lesbienne à la salle Wagram à l'occasion de la Gay Pride à Paris. Le festival s'ouvre à la musique vivante avec le concert du groupe Hatshepsut en ouverture et occupe le moindre recoin de ce centre culturel magnifique. Le jury du Centre Evolutif Lilith (CEL) de Marseille décerne un prix à une œuvre européenne qui contribue à la visibilité lesbienne.
1997 : nous commençons un mini-festival en juin pour montrer nos meilleurs films à un public mixte. L'Europride se tient à Paris et les événements de la fierté lesbienne se développent : concert, forum associatif et soirée dansante après la marche. En octobre, nous installons un chapiteau sur le parvis pour agrandir la cafétéria et accueillir plus de stands. De grands débats nous intéressent et nous divisent, entre autres le fameux débat sur la sexualité accompagné d'un stand avec des godes. Nous prenons le parti de ne pas intégrer la censure. Une de nos plus belles vocations est de susciter les discussions et de rendre compte de tous les courants d'idées. Premières pages de présentation du festival sur Internet.
1999 : les projections de juin se poursuivent au cinéma MK2 Beaubourg sous le titre BOM pour « Best Of Mixte ».
2000 : les cartes d'adhésions et tickets sont disponibles en prévente un mois avant le festival.
2001 : le Best Of Mixte déménage au MK2 Hautefeuille.
2002 : en 2002, nous expérimentons le théâtre parisien Le Trianon, qui ne dispose que d'une salle, mais très grande (800 places). Les débats et la fête se sont déroulés au Divan du Monde.
2003 : nous trouvons une deuxième salle de projection, La Halle Saint Pierre, située tout près du Trianon. Elle possède une salle de 85 places, permettant d'organiser des projections et des discussions.
2006 : désormais les films francophones sont sous-titrés à l'intention des femmes sourdes et malentendantes. Ce sous-titrage est adapté, grâce à des codages couleurs et des indications spécifiques, réalisés en collaboration avec la commission sous-titrage.
2007 : un premier événement Hors les murs prend la relève du BOM.
2008 : nous fêtons le 20e festival avec une exposition rétrospective, un concert de Véronique Pestel en ouverture et de nombreuses performances scéniques.
2009 : le premier Printemps de Cineffable se déroule au cinéma l'Archipel. Pour la dernière édition du festival au Trianon, Mélissa Laveaux, lauréate du concours d'affiches, nous fait le plaisir de se produire en concert d'ouverture.
2010 : le 22e festival est « SDF » et se déroule en deux parties. Deux jours en novembre à l'Espace Reuilly et deux jours au printemps 2011 dans la salle Olympe de Gouges.
2011 : nous retrouvons la grande salle de l'Espace Reuilly pour un festival complet bien qu'un peu à l'étroit pour les autres activités.
2012 : nous investissons avec beaucoup d'espoir toutes les salles du théâtre de Ménilmontant pour réinventer un festival pluriel : projections, débats, expositions, stands, performances scéniques, musique… mais ce sera finalement pour une seule année.
2013 : l'Europride est à Marseille et Cineffable s'associe à l'euroLESBOpride organisée par la Coordination lesbienne et le Centre Evolutif Lilith en programmant trois séances de projection. Fin octobre, nous essayons encore un nouveau lieu, mais l'Espace EFCB Montreuil offre des conditions de projection peu satisfaisantes.
2014 : de retour à l'Espace Reuilly, Cineffable crée le ticket suspendu. Inspiré du « café suspendu » napolitain et s'inscrivant dans une tradition de solidarité. Les festivalières qui le souhaitent offrent des places pour que d'autres femmes et/ou lesbiennes puissent assister aux séances et avoir accès à notre sélection de films féministes et lesbiens. Nous louons des salles à l'œuvre Le Chantier, juste en face de l'Espace Reuilly, pour y accueillir les débats et rencontres.
2015 : les événements Hors les murs en partenariat avec des lieux et associations succèdent au Printemps de Cineffable. Notre appel à financement participatif rencontre un franc succès et nous permet d'organiser le festival et d'envisager plus sereinement son avenir.
2016 : le festival prend un tour plus participatif avec des ateliers variés : jeux textuels, tango, tantra.
2018 : séances rétrospectives, messages vidéo de réalisatrices, performances et animations se multiplient pour fêter le 30e festival.
L'Espace Reuilly nous est maintenant familier mais nous y sommes toujours un peu à l'étroit, trouverons-nous le lieu plus grand approprié à toutes les facettes du festival ? La chasse au trésor reste ouverte...
Un grand merci à toutes, aux bénévoles ponctuelles qui nous donnent un coup de main pendant le festival, aux festivalières, et à celles qui renouvellent régulièrement l'équipe.